La masturbation
peut-elle apaiser nos tensions ?
Par Nathalie Giraud Desforges, sexothérapeute,
fondatrice de Piment Rose
Et si la masturbation devenait une prescription médicale contre l’anxiété ? Si le simple fait de se caresser et d’avoir un orgasme pourrait contribuer à notre santé ?
Dans une scène du Parfum de l’invisible, BD érotique magique de Manara, une danseuse étoile se masturbe sur scène rideaux tirés avant le spectacle. Envie de se détendre ? De calmer le trac ? Sur le net, nous découvrons aussi que des sportifs, des tradeurs, des joueurs de poker déclarent se masturber avant tout événement stressant. Et combien sommes-nous à nous auto-érotiser quand le sommeil tarde à venir ?
Après avoir déjà écrit plusieurs articles et dossiers sur le sujet, à l’occasion du mois international de la masturbation, célébré chaque année en mai, Nathalie Giraud Desforges, sexothérapeute et fondatrice du site Piment rose, a répondu à une interview sur le sujet pour le magazine ELLE.fr
Elle nous dévoile le fond de l’affaire.
L’effet doudou de la masturbation
S’accorder du plaisir en se caressant diffuse des endorphines et de l’ocytocine qui contribuent à faire baisser le cortisol, l’hormone du stress. Ce sont des conditions qui permettent de s’endormir. De plus, se toucher, se caresser nous rappellent ces moments agréables de la toute petite enfance où nous étions pris dans les bras, dorlotés, choyés, massés pour certains d’entre nous. Le toucher a une fonction très importante dans la vie du petit humain. La caresse régule notre système nerveux autonome (SNA) et nous apporte de la détente.
D’ailleurs c’est aussi une des raisons pour lesquelles les stages de Tantra que j’anime proposent toujours un moment de massage, moment de douceur, de joie et de lâcher-prise très appréciés des participants et participantes.
L’importance de la respiration lente et profonde
Néanmoins le niveau de stress a son importance. Le stress c’est quand notre part de mental ne cesse de nous assaillir. Les pensées tournent en rond et prennent toute la place. Elles s’évadent sans cesse dans le passé ou le futur dans l’anticipation des soucis et nous coupent du moment présent. Difficile dans ce cas de se détendre même en se masturbant. Ce simple exercice est alors conseillé : celui d’allier la respiration à la masturbation.
Respirer de manière ample et régulière, par le nez ou par la bouche tout en accompagnant la main change toutes les sensations et ressentis. La respiration calme le mental et vide l’esprit. Et puis, elle ramène aux sensations du corps ce qui est un élément indispensable pour vivre dans le moment présent et ressentir du plaisir.
Le Tantra propose tout un choix de respirations de soi à soi qui contribuent à amener une détente et un orgasme « de tout le corps ». Un orgasme où toutes les parties du corps sont emportées par la vague.
Faut-il viser l’orgasme à tout prix ?
L’orgasme n’est pas le but à privilégier. D’ailleurs il arrive qu’on s’endorme avant d’avoir eu un orgasme ! L’important c’est ce qui se passe pendant la masturbation.
Néanmoins il arrive qu’on soit frustré.e si l’orgasme n’est pas au rendez-vous, ce qui augmente le stress et est contre-productif. Dans ce cas, je conseille de lâcher l’objectif de l’orgasme et de mettre son attention sur son corps, la rencontre avec la main, les sensations de chaleur, le souffle qui augmente, les sons émis, la variation du rythme. Mettre du lubrifiant qu’on soit un homme ou une femme procure aussi des sensations de plaisir et de glisse très différentes.
Mettre du lubrifiant qu’on soit un homme ou une femme procure aussi des sensations de plaisir et de glisse très différentes.
Il peut aussi être utile d’utiliser un vibromasseur (un masseur qui vibre) car la vibration amène plus vite à l’orgasme.
La récompense est dans vos mains pour ceux ou celles qui en ressentent vraiment le besoin.
ou un masturbateur
Et l’impact sur le désir ?
La santé sexuelle est depuis 2002 mise en avant par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS). En Europe, la masturbation n’est pratiquement plus un acte tabou et elle peut maintenant rentrer dans notre boîte à outil pour s’apaiser de façon autonome, sans être dépendant des antidépresseurs ou autres médicaments qui aident à dormir.
En revanche, nous n’avons pas tous la même libido et ne canalisons pas notre énergie sexuelle de manière identique. Certains et certaines passent par la sexualité, d’autres le sport, la danse, la boxe, le tricot, les jeux vidéo ou les séries sur le Net…
Et parfois aussi, après un deuil, une maladie, un évènement traumatique ou après la prise de certains médicaments, certaines personnes perdent tout leur désir et connexion à leur corps et donc il n’y a plus de sensation. Et puis rappelons-le, se masturber n’est ni une obligation ni une nécessité, il y a bien d’autres moyens de calmer son stress !
La santé sexuelle est depuis 2002 mise en avant par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS).
Pour aller plus loin
Deux petits guides de la collection Osez